Édito
Témoins désemparés d’un changement d’époque, nous vivons une mutation profonde. Face à cette déferlante, le théâtre se pose en système de radeau, nous invitant à éclairer symboliquement les nouvelles questions qui surgissent des champs sociétal, scientifique et politique, et qui, dans leur essence, sont intimement interreliées. C’est le « ici et maintenant » de l’art vivant qui persiste à offrir cet impérieux besoin de se réunir, de témoigner et de faire collectivement l’expérience du présent et des affects qu’il suscite dans toute leur complexité.
Lorsque les artistes et les œuvres, au risque de déplaire ou de choquer, interrogent les corps, la scène et les textes en se refusant à valider les perceptions et vérités acquises, ils ouvrent des nouvelles perspectives sur l’humain et le monde dans toute leur complexité. La saison 25-26 sera le reflet de cela. L’audace artistique opère cette possibilité d’une réinvention de l’étant, d’une transgression symbolique nécessaire à repenser les conditions des libertés que les autocraties s’emploient à anéantir méthodiquement avec une acribie terrifiante.
Le théâtre demeure un lieu de résistance pour lequel nous continuons à nous battre, un espace où l’on forge des visions nouvelles, où l’on réinvente des modes d’être et de penser, un bastion indispensable pour répondre à l’urgence de notre époque, celle d’offrir envers et contre tout, un horizon de liberté et de pensée partagée.
Merci d’être là.
Angela Konrad
Directrice générale et artistique
Photo Angela Konrad © Angelo Barsetti